Longue comme des fils sans fin, la longue pluie Interminablement, à travers le jour gris, Ligne les carreaux verts avec ses longs fils gris, Infiniment, la pluie, La longue pluie, La pluie.
Elle s'effile ainsi, depuis hier soir, Des haillons mous qui pendent, Au ciel maussade et noir. Elle s'étire, patiente et lente, Sur les chemins, depuis hier soir, Sur les chemins et les venelles, Continuelle.
Au long des lieues, Qui vont des champs vers les banlieues, Par les routes interminablement courbées, Passent, peinant, suant, fumant, En un profil d'enterrement, Les attelages, bâches bombées ; Dans les ornières régulières Parallèles si longuement Qu'elles semblent, la nuit, se joindre au firmament, L'eau dégoutte, pendant des heures ; Et les arbres pleurent et les demeures, Mouillés qu'ils sont de longue pluie, Tenacement, indéfinie.
Les rivières, à travers leurs digues pourries, Se dégonflent sur les prairies, Où flotte au loin du foin noyé ; Le vent gifle aulnes et noyers ; Sinistrement, dans l'eau jusqu'à mi-corps, De grands boeufs noirs beuglent vers les cieux tors ;
Le soir approche, avec ses ombres, Dont les plaines et les taillis s'encombrent, Et c'est toujours la pluie La longue pluie Fine et dense, comme la suie.
La longue pluie, La pluie - et ses fils identiques Et ses ongles systématiques Tissent le vêtement, Maille à maille, de dénûment, Pour les maisons et les enclos Des villages gris et vieillots : Linges et chapelets de loques Qui s'effiloquent, Au long de bâtons droits ; Bleus colombiers collés au toit ; Carreaux, avec, sur leur vitre sinistre, Un emplâtre de papier bistre ; Logis dont les gouttières régulières Forment des croix sur des pignons de pierre ; Moulins plantés uniformes et mornes, Sur leur butte, comme des cornes
Clochers et chapelles voisines, La pluie, La longue pluie, Pendant l'hiver, les assassine.
La pluie, La longue pluie, avec ses longs fils gris. Avec ses cheveux d'eau, avec ses rides, La longue pluie Des vieux pays, Éternelle et torpide ! La pluie de Emile Verhaeren Bonne journée, biobisous, NiNa (photo by me) |
Commentaires
Beau et réaliste poème, on s'y croirait. Remarque, aujourd'hui, on n'aurait pas eu de mal. Ce mtin, ici, il a fait une véritable tempête ! Vent et pluies mêlés. Un temps à ne même pas sortir un canard ! Ce soir, c'est calme. On va pouvoir dormir sans entendre claquer les contrevents. Florentin.
Bonjur Nina, très joli poéme sur la pluie, ici nous en avons beaucoup aussi depuis plusieurs jours, ça me fait penser à la chanson, toute la pluie tombe sur moi...
Je t'embrasse, passes une bonne après-midi, fanfan
Bonjour!!!
tu me fais voir la pluie d'un autre œil, plus agréable....
Je déteste la pluie....
bisous du coeur
Bonjour Nina,
Voila une poésie, qui calme, en la lisant, on est dans le mouvement ^^ de la pluie.
Ici elle fait acte de présence, avec un bon vent qui souffle .
Je te souhaite une merveilleuse journée.
Gros bisous
Bonjour,
La pluie...je connais.
Depuis cette nuit, nous avons une belle tempête. Je vais rester au chaud.
Bises
bonjour
et ouet la pluie qui mouille et gla gla hier il a plut toute laa journee !
bonne journee
pouty
Bonjour Nina
Superbe écrits , je penserais à toi en regardant par la fenêtre aujourd'hui , c'est le temps annoncé en Essonne.
De gros bisous bonne journée à toi