Rimbaud a tout quitté, dans une permanente revendication de liberté. Il se délie d'abord de sa mère, décidée à le remettre dans le droit chemin ; crache sur les institutions, de la pension Rossat - où il se sent interné, fuguant à la première occasion - au Parnasse (mouvement de la seconde moitié du XIXe siècle, regroupant de nombreux poètes opposés au romantisme) plus tard - jugeant que toute appartenance, y compris à une école de pensée, est un enfermement. Sa vie est une perpétuelle invitation à nous affranchir de nos entraves - notamment celles auxquelles nous consentons sans discuter - et des figures vigilantes qui pèsent sur nous. Il se sépare de ses maîtres, rejette son amant le plus célèbre (Verlaine), blasphème, jure contre les Eglises. Il écrit même un livre contre Dieu : "Une saison en enfer". Rimbaud ne croit qu'aux vertus de l'irrévérence.
En grand découvreur, il entend toucher à tout, multiplier les expériences, oser toutes les transgressions. Par le « dérèglement raisonné de tous les sens », il franchit des frontières invisibles pour nourrir son existence et son imaginaire. Rimbaud nous enseigne le risque, la mise en danger pour accéder à des territoires inconnus de notre conscience. Il le paie cher. Son accoutumance à l'absinthe lui vaut des crises sévères et des comas. Son goût pour l'opium le conduit sur des rivages périlleux.
à 11 ans
Il aura été un marcheur infatigable, un promeneur du monde, un errant fiévreux. « J'ai heurté, savez-vous, d'incroyables Florides » ("Le Bateau ivre"). Il nous fait comprendre qu'en allant à la rencontre d'autres cultures, d'autres réalités, on gagne en richesse et en densité.
Il aura traversé maintes contrées, foulé le sol de nombreux pays, sillonné l'Europe et l'Orient, voyagé sur plusieurs mers. Et il choisit de passer les dernières années de sa vie en Afrique, arpentant l'Abyssinie, chevauchant au milieu des déserts, se faisant marchand à Aden, au Harar. Pour lui, la vraie vie est forcément ailleurs.
Rimbaud a 17 ans pour toujours. La beauté incandescente de ce jeune homme aux yeux clairs, cheveux en broussaille, moue boudeuse, immortalisée par le photographe Etienne Carjat, est un défi aux hommes et au temps. Elle nous apprend à ne jamais abdiquer notre enfance, à lui rester fidèle quoi qu'il en coûte. . Au risque de se brûler les ailes.
« Coin de table », assis à gauche :Paul Verlaine et Arthur Rimbaud (Henri Fantin Latour, 1872 Musée d'Orsay)
Il est d'abord un surdoué, accumulant les premiers prix, avant d'abjurer brutalement les honneurs académiques. Puis, entre 16 et 21 ans, il compose les plus beaux poèmes de la littérature, avant de renoncer sans préavis et sans explication à l'écriture. Il devient ensuite comptable puis négociant, on dit même qu'il participe à un trafic d'armes. Qui comprend cette reconversion ? Le souci n'est-il pas, en réalité, de demeurer inintelligible, indéchiffrable ? En cette époque de transparence, pourquoi ne pas admettre l'intérêt de demeurer en partie opaque et de se dérober aux jugements ?
Extrait de la photographie d'Arthur Rimbaud, révélée au public par Alban Caussé et Jacques Desse en 2008 : Rimbaud en août 1880 ?
Bonne pensée du matin
A quatre heures du matin, l'été,
Le sommeil d'amour dure encore.
Sous les bosquets l'aube évapore
L'odeur du soir fêté.
Mais là-bas dans l'immense chantier
Vers le soleil des Hespérides,
En bras de chemise, les charpentiers
Déjà s'agitent.
Dans leur désert de mousse, tranquilles,
Ils préparent les lambris précieux
Où la richesse de la ville
Rira sous de faux cieux.
Ah ! pour ces Ouvriers charmants
Sujets d'un roi de Babylone,
Vénus ! laisse un peu les Amants,
Dont l'âme est en couronne.
Ô Reine des Bergers !
Porte aux travailleurs l'eau-de-vie,
Pour que leurs forces soient en paix
En attendant le bain dans la mer, à midi.
« Dans un jardin de bananes ».
Douce journée, biobisous, Nina
(source wikipédia)
Commentaires
Arthur Rimbaud était un enfant prodige, un élève doué et appliqué, il a remporté pas moins de 36 prix et 10 nominations. Il se lie d'amitié avec un de ses professeurs, Georges Izambard, qui tient pendant quelques années le rôle du père qu'il n'a pas eu. d'autant que sa mère ne lui offre aucun amour.
Paul Verlaine dira de lui " ce n'était ni le diable, ni le bon dieu, c'était Arthur Rimbaud, c'est à dire un très grand poète, absolument original, d'une saveur unique."
La vraie vie était pour lui " ailleurs".
Merci pour cet article, l'héritage littéraire et poétique d'Arthur Rimbaud a été revendiqué par des très nombreux poètes modernes.
Bonjour,
Je n'ai pas eu ma petite visite du matin ? hi hi , oui je suis habituée, tu es souvent mon premier bonjour de la journée.
Bonne journée
Bises
bonjour
je n'y connais pas grand choses en peinture ,mais ma grand mère aimait rimbaud !
je m'en souvient elle m'en parlait
bonne journee
pouty
Salut du soir ! Je suis un inconditionnel de Rimbaud et, comme beaucoup, je regrette qu'il ait cessé si vite et trop définitivement la poésie. Mais, je crois qu'il pensait avoir tout dit et craignait d'être abandonné de sa muse. C'est assez fréquent. Regarde les chanteurs d'aujourd'hui. Ils sont inspirés au début, mais perdent ensuite assez vite leur créativité, souvent incapables d'aller plus loin. Pas comme moi, qui n'ai même pas eu un début !!! Bises et à plus. Flo.
Bonjour Nina,
Superbe la peinture, même avec de gros coups de pinceaux, ... çà a de la gueule !!
Allez, bonne journée.
... je repasserai te relire.
Amicalement,
Gégédu28
Bonjour chère Nina, merci de ton message d'amitié, ça réchauffe le coeur...
Rimbaud devait se sentir un homme libre, mais on ne l'est jamais, tout à fait car il avait des accoutumances néfastes mais au fond, on en a certainement tous...
Je t'embrasse, passes une bonne journée, amitiés, fanfan
Bonjour,
C'est ma page culturelle du jour.
Quand je passe sur ton blog, j'apprends, je découvre...etc
Ce matin encore un temps gris.
Bonne journée
Bises
bonjour ma douce Nina,
quel magnifique article.
Quel personnage ce Rimbaud, je ne connaissais pas tout cela. Merci ma petite Nina.
Pour commencer, nous allons une semaine à New York (que je ne connais pas du tout), une journée à Philadelphie et 11 jours à Chicago (ce sera la 7è fois que j'y vais) dont une journée à Milwaukee que je ne connais pas, je vais découvrir. Un voyage très rempli, la valise est déjà commencée.
Belle journée ma jolie.
Grosse bise
Cricri
Bonjour
Je n'aurais jamais pensé qu'il était torturé à ce point!
En tout cas, il reste dans les mémoires!
Je vais bien, je te remercie et toi?
Bisous
Bonjour ma douce!!!
Un homme torturé, mais quel talent!!
J'aime son oeuvre ....
Il pleut ici, un jour le soleil restera j'en suis sûre.
Passe une belle journée
Je t'embrasse
corinne