Quatre jours et quatre nuits dans une maison de campagne sans téléphone portable, sans télévision, ni radio, ni même animal de compagnie, ni personne! Vous imaginez?
C'est le régime auquel s'est astreint le psychothérapeute Hervé Magnin pour pouvoir réfléchir in vivo à la condition solitaire et livrer ses impressions dans La Positive Solitude (Éd. Jouvence).
Certes, la durée de son ascèse paraît bien light comparée aux aventures d'un Robinson, mais aujourd'hui où ce qui importe est d'abord d'être relié et communicant, son expérience peut faire figure d'aventure extrême ayant eu le mérite d'inciter son auteur à considérer les différentes facettes de la solitude.
D'un côté, tout ce qui relève de «l'existence en solo» fait peur. Un récent sondage la présentait comme «un problème pour 78% des Français interrogés», puis elle était considérée comme une «menace»; enfin la lutte contre la solitude apparaissait même comme une possible «cause nationale».
C'est dire le peu d'attrait qu'elle a dans notre société. Trop souvent confondue avec l'isolement, «elle est toujours jugée à l'aune de l'injonction dominante à vivre en couple», estime le sociologue Éric Donfu, fondateur de DRS, un atelier d'étude sur les transformations de la société contemporaine.
«Et les actes solitaires sont perçus comme suspects», renchérit Hervé Magnin.
«Des parenthèses nécessaires»
Pourtant, les temps de solitude pourraient bien aussi apparaître comme des oasis luxueuses dans nos existences frappées d'hyper-occupation. Des parenthèses absolument nécessaires pour penser, réfléchir aux grandes décisions à prendre, s'occuper de soi… ou même apprendre à aimer.
Stéphanie, attachée de direction dans un grand groupe, en a fait l'expérience. Son couple allait mal depuis un an. «Nous étions attachés l'un à l'autre, mais ne nous supportions pas au quotidien», explique-t-elle.
Fatigués des querelles récurrentes, ils décident de se séparer. Stéphanie commence par partir dix jours toute seule au Japon, où elle confie s'être «retrouvée»: «Je goûtais des lieux magnifiques, je tenais un journal intime, et j'ai compris là-bas que j'avais besoin d'avoir des émotions toute seule.» Puis s'ensuivent plus de dix mois de célibat pendant lesquels Stéphanie entreprend une thérapie et réalise pourquoi elle «n'arrivait pas à vivre avec quelqu'un».
Ce break a eu une issue positive: après avoir osé plonger chacun dans leur solitude, Stéphanie et son compagnon se sont retrouvés et, désormais engagés l'un envers l'autre, attendent un enfant.
Cette belle histoire confirme la thèse d'Éric Donfu, selon lequel «être seul n'est pas mauvais en soi. C'est ce qu'on en fait qui donne tout son sens à notre solitude». Pour le sociologue, «celle-ci est bénéfique quand on l'intègre à un profond processus de changement.
Car dans l'expérience solitaire, dès lors qu'on ne la fuit pas, on découvre qu'on n'est pas dénué de pouvoir. En nous dépouillant, la solitude nous incite à aller puiser dans nos ressources intérieures».
Considérer autrement la solitude
Il y a donc une dimension initiatique à l'éprouvé de l'existence en solo, que celle-ci se fasse sur une longue durée ou même quelques instants par jour, grappillés sur des emplois du temps chargés de rendez-vous et relations en tout genre.
Très souvent, cette initiation passe par un apprentissage. Pour ceux qui n'y ont pas été accoutumés dès l'enfance, il faut apprendre à considérer autrement sa solitude. «L'accès à la solitude résulte d'une décision courageuse, écrit Hervé Magnin. Oui ou non, êtes-vous prêt à écouter votre corps? À accueillir vos émotions? À explorer vos pensées aussi tristes soient-elles?»
Des voyages en solo, des temps de retraite, de lecture, voire de jardinage permettent de se familiariser avec cette ascèse si vivifiante lorsqu'elle est décidée et volontaire. Pour Éric Donfu, c'est d'ailleurs l'un des enjeux majeurs du temps libre dans nos vies, qu'il résume en 3 D:
«Distraction, Délassement et Développement intérieur».
Pressurisés par des rythmes de moins en moins naturels, maintenus dans une obligation de liens et de communication tous azimuts par les nouvelles technologies, nous aurions, selon le sociologue, plus que jamais intérêt à apprendre à habiter notre solitude. Une suggestion qui redonne actualité à la pensée de Blaise Pascal :
«Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre.»
et pour moi je dirais cette phrase banale, qu'il vaut mieux être seul(e) que mal accompagné(e), biobisous, NiNa
article de Pascale Senk/LeFigaro
Commentaires
wolfe le 26-04-2015 à 17:27:10 # (site)
Bonjour
C'est bien vrai tous ces extraits!
Bonne fin de journée
Bisous
nyxie le 26-04-2015 à 13:42:00 # (site)
ah ! mon Boris !! sais tu lorsqu'il jouait au Caveau de la Huchette au quartier latin, j'étais fan de sa trompette !! combien de soirées j'ai passé à le regardé et dansé sur ses rythmes !!... trop loin tout ça !
Bon dimanche. Biz
fanfan76 le 26-04-2015 à 11:21:57 # (site)
Bonjour ma petite Nina, ne sois pas désolée, ma petite Nina, je sais que tu es là, pas loin, merci pour ce beau billet, j'aime cette citation, jamais on recommencerait à moins d'ignorer l'expérience...
Je me dépêche car je suis très en retard ce matin, tanpis ! Bon allez, je vais préparer à manger pour mes deux affamés qui reviennent de la piscine, bisous, bon dimanche, fanfan